À Staten Island, aux États-Unis, l’effervescence d’un petit restaurant appelé Enoteca Maria offre une scène inattendue. C’est ici qu’une grand-mère algérienne, originaires d’Oran, fait vivre la gastronomie algérienne aux côtés de ses émules de diverses nationalités, toutes rassemblées par l’amour de la cuisine. Habiba Hachemi, au cœur de cette initiative culinaire, incarne l’essence même de la tradition tout en l’intégrant dans une tapestry culturelle unique à Manhattan. Elle ne se contente pas de servir des plats, elle crée des souvenirs au travers de chaque assiette, chaque épice, et chaque sourire partagé avec les clients.
Une histoire d’accueil et de partage
Le concept de Enoteca Maria repose sur la cuisine des « nonnas », ces grand-mères qui apportent leurs traditions culinaires et leur chaleur humaine. Initié par Jody Scaravella, un New-Yorkais d’origine italienne, ce restaurant a vu le jour en 2007 avec l’ambition d’honorer la mémoire des femmes de sa vie. À l’Enoteca Maria, l’on ne trouve pas de chefs impersonnels, mais des mamies dévouées qui concoctent des plats empreints d’amour et de savoir-faire. Ce contenu familial se traduit dans chaque plat, rendant chaque repas non seulement nourrissant, mais également réconfortant.
Habiba aux commandes
Parmi ces grands-mères qui apportent leur savoir-faire, Habiba Hachemi, âgée de 63 ans, s’illustre par son authenticité. Il est fascinant de constater comment cette ancienne enseignante d’arabe, après avoir consacré plus de 30 ans à l’éducation, ose faire le saut vers une nouvelle aventure à New York. En 2015, après avoir rejoint sa fille Khalida, elle découvre l’annonce cherchant une « grand-mère nord-africaine pour cuisiner », c’est alors que sa passion pour la cuisine et son désir de partager ses racines prennent forme. Cinq ans plus tard, elle est devenue une figure emblématique de ce petit restaurant, où ses plats résonnent comme un écho du pays qu’elle a laissé derrière elle.
Des saveurs algériennes au cœur de New York
Habiba est restée fidèle aux traditions algériennes en cuisine. Dans la chaleur réconfortante de la cuisine à l’étage, habillée de son bandana traditionnel, elle prépare une variété de plats qui rappellent les repaires algériens : couscous, tajines, salade grillée, et bien d’autres délices qui émerveillent les papilles. Chaque assiette qu’elle sert est non seulement un plat, mais une histoire, un lien vers son pays d’origine où les arômes et les saveurs s’entremêlent pour créer une véritable symphonie culinaire.
Une occasion de se reconnecter
Bien que la cuisine soit un lieu de joie pour Habiba, elle ne peut négliger un sentiment de nostalgie pour ses proches laissés derrière en Algérie. Sa vie à New York est teintée d’une mélancolie douce-amère. Elle adore cuisiner et voir les clients apprécier ses plats, mais il lui arrive de penser à ses trois fils, à qui elle souhaite ardemment rendre visite. Ce sentiment de partage transcende des frontières ; chaque client devient une pièce de son puzzle familial, et elle bâtit des souvenirs tout en ravivant les siens.
Une cuisine pluriculturelle
En 2017, après quelques mois de service à Enoteca Maria, elle exprime sa satisfaction quotidienne dans le Daily Mail, démontrant que cette expérience lui a permis non seulement de partager sa culture, mais aussi d’apprendre et d’évoluer. Habiba a pris des cours d’anglais à Brooklyn, rendant ses échanges avec les clients encore plus authentiques. Cet échange culturel engendre une connexion unique, un mélange de langues et de saveurs, et crée une atmosphère chaleureuse qui attire un public varié. Chaque plat servi rassemble des histoires de vie, des rires et des moments de convivialité.
Un héritage culinaire vivant
Dans le cadre de ce modèle unique de restaurant, où la cuisine devient une célébration de la diversité, chaque grand-mère est un ambassadeur des traditions de son pays. Habiba contribue à enrichir cette palette, prônant la cuisine familiale, généreuse et authentique, en tant que véritable témoin de sa culture algérienne. Jody Scaravella lui-même souligne la magie que ces matriarches apportent : « Ces matriarches qui ont tant aimé et nourri leur famille peuvent continuer ce qu’elles savent faire de mieux : cuisiner, aimer et créer une atmosphère chaleureuse ». C’est bien plus qu’un simple repas, c’est une expérience, un voyage au cœur de l’Algérie.
Un reflet de l’expérience humaine
L’Enoteca Maria, qui a su élever la cuisine familiale à un rang d’honorabilité et de respect, est le fruit d’une vision que seul un passionné de l’humain pourrait réaliser. Alors que New York est une ville qui offre mille et une facettes gastronomiques, les plats algériens d’Habiba apportent une touche d’authenticité et de réconfort inestimable. Son histoire résonne bien au-delà des frontières, illustrant comment la nourriture tisse des liens entre les gens, quels que soient leur âge ou leur origine.
